En 2007, Sciences et Avenir posait la questions à deux scientifiques qui ont un point de vue très différent sur la question.
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Sommes
nous seuls dans l'Univers ? Cette question trotte dans la tête de tous
ceux qui ont pris le temps de lever les yeux en direction des étoiles.
Et la découverte toute récente d'une exoplanète
idéalement située pour héberger la vie relance une fois de plus cette
lancinante question. Cette question, Sciences et Avenir l'avait posée en
novembre 2007 à deux astronomes. André Brack, exobiologiste, directeur
de recherche émérite au Centre de biophysique moléculaire du CNRS à
Orléans ; et Michel Mayor, astrophysicien à l'observatoire de Genève.
Comme vous pouvez le constater dans l'article ci-dessous, la réponse à
l'existence ou non d'une vie extraterrestre ne fait pas consensus au
sein de la communauté scientifique.
Céleste. En 1995, l'astrophysicien suisse a découvert la première planète extrasolaire.
Michel Mayor à La Silla, dans le désert d'Atacama, au Chili, en 2007, où est installé l'Observatoire européen austral.E. Martin - Ciel et Esp À 71 ans, il a toujours la tête dans les étoiles. Ou, plutôt, dans
les planètes. Michel Mayor, l'astrophysicien suisse qui a découvert la
première planète - 51 Pegasi b - hors du Système solaire, avec son
doctorant Didier Queloz, n'a pas du tout envie de décrocher. Sous son
impulsion, l'université de Genève, où le chercheur est professeur
émérite, fait toujours la course en tête avec 250 planètes découvertes à
son actif, le quart du tableau de chasse mondial ! Le mois dernier,
Mayor et Queloz ont raté le Nobel d'un cheveu, au profit de découvreurs
de l'infiniment petit, le boson de Higgs. Ce n'est que partie remise.
Dans
les années 60, jeune physicien, c'est le hasard qui lui met le pied à
l'étrier céleste. "Je venais de terminer mes études, je suis tombé sur
une annonce recherchant un doctorant en astrophysique. J'y suis allé,
j'ai discuté, et ça m'a plu. Mais j'aurais aussi bien pu faire de la
géophysique, qui me passionne également." Les astrophysiciens doivent
être également des bricoleurs de génie pour concevoir de nouveaux
appareils capables d'analyser les images fournies par les télescopes.
C'est ainsi que Michel Mayor et un opticien de Marseille, André Baranne,
élaborent des spectrographes de plus en plus puissants pour mesurer les
variations de vitesse des étoiles, indice probable de la présence d'une
ou de plusieurs planètes. Après, ce n'est plus qu'une question de
patience pour passer en revue de nombreuses étoiles. Un jour, bingo,
Elodie - leur dernier spectrographe - relève un frétillement de l'étoile
51 Pegasi que rien ne peut expliquer, sinon la présence d'une planète.
"Ça s'est passé à l'automne 1994. Mais nous avons d'abord fortement
douté, car nos mesures donnaient un objet céleste doté d'une masse
presque équivalente à celle de Jupiter, tournant autour de son étoile en
seulement 4,2 jours." Stupeur et tremblements du maître et de l'élève.
Comment une planète aussi massive pouvait-elle posséder une période
aussi courte ? Pour confirmer leur trouvaille, il leur a fallu attendre
la saison d'observation suivante. "En juillet 1995, on s'est retrouvés
tous les deux à l'Observatoire de Haute-Provence pour voir si le
phénomène se perpétuait avec la même période, la même amplitude, la même
phase." La réponse est oui !"A ce moment-là, on était sûrs d'avoir
trouvé les preuves de l'existence d'une planète."
"Mafia Mayor"
L'annonce
de la découverte déclenche un tsunami dans le monde. On s'arrache les
deux chasseurs de planètes, même si certains astrophysiciens doutent.
Tant de fausses annonces se succèdent... En 1999, le dernier soupçon est
levé avec la découverte du premier transit d'une planète devant son
étoile. Cette fois, c'est confirmé, Mayor et Queloz ont bien découvert
une exoplanète. Dès lors, la chasse est officiellement lancée. Dans le
monde entier, les astrophysiciens veulent trouver leur planète, si
possible habitable. Pas question pour Michel Mayor de se reposer sur ses
lauriers. Grâce à sa première découverte, l'argent afflue. Il fait
construire un spectrographe encore plus précis, capable de détecter une
variation de vitesse de 1 mètre par seconde : c'est Harps, qu'il
installe sur un télescope de l'Observatoire européen austral (ESO) situé
à La Silla, au Chili, afin d'observer le ciel de l'hémisphère Sud.
"C'est une machine fantastique qui reste encore, et de loin, le
spectrographe le plus précis", s'enthousiasme-t-il. Son équipe
d'astronomes est passée de trois à vingt. Ses rivaux, un peu jaloux,
parlent d'une "mafia Mayor". Il ne dément pas. En 2007, il a cosigné la
découverte de la première planète aux caractéristiques terrestres,
Gliese 581 c.
Aujourd'hui, même s'il a officiellement passé la
main, Michel Mayor continue à s'activer. Il surveille ainsi de près la
construction d'un nouveau spectrographe, au Chili. Avec un intérêt
particulier pour les toutes petites planètes. "Cela ne me surprendrait
pas qu'on trouve de la vie sur une planète, mais pas tout de suite, dans
une ou deux générations..."
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